‒ Attendez !
Moi aussi j’ai vu « les Aventuriers de l’Arche perdue » !
Mais Indiana Jones n’est pas dans le coin pour nous filer un coup
de main !
‒ Indiana ?
Non, ça c’était le nom du chien… je vous rassure aussi, Dracu
n’est pas à la solde des nazis… mais on a une partie de l’énigme
avec nous : toi ! Et l’idéal aurait été d’empêcher
que chaque pièce du puzzle puisse se trouver à l’Esperanza ce
soir. Mais ça c’est un combat passé que je viens de perdre. Nous
allons devoir composer autrement car le temps nous manque.
Pendant
un court instant, le regard de Helsing quitta ce monde et navigua
jusque dans les brumes des Carpates. Van remonta en mémoire jusqu’au
temps premier de Vlad. Aux prémices de la légende qui fût sienne,
alors qu’il n’était encore que le prince héritier d’un
royaume soumis aux Ottomans. On pouvait toujours refaire le point
entre son père Vlad II Le Dragon (ou Vlad Dracul) et lui-même, Vlad
III L’empaleur, ils n’en restaient ni plus ni moins des Draculea.
Et quoi qu’en fit l’histoire, la dynastie vit naître, en un
pacte, la terreur des siècles à venir.
‒ Savez-vous
ce qui nous attend à… l’Esperanza ? demanda Alphonse d’un
demi ton laissant épiloguer bien plus…
‒ Comme
son nom l’indique, c’est un lieu saint où l’espoir domine.
Mais il peut être tout autre chose selon l’activité qu’on
décide d’y mener. Et faire coïncider plusieurs éléments ayant
des pouvoirs magiques sur un lieu comme celui-ci, revient à définir
une nouvelle prophétie, et un nouveau départ. En l’occurrence,
transformer Dracula en un nouveau dieu sanguinaire.
Alphonse
avala sa salive bruyamment. Il ne comprenait absolument rien à toute
cette histoire, mais le ton grave et presque résigné de Van Helsing
résonnait comme un doute solennel. Le cahotement quelquefois brusque
du véhicule les faisait se dandiner l’un sur l’autre, en se
frictionnant les épaules par à-coups. Et puis, les questions…
toujours les questions qui appellent des réponses…
‒ On va
jusqu’à l’Esperanza en camionnette ? Ça voudrait dire que
c’est dans le coin ? C’est quand même bizarre, j’ai
jamais entendu parler de ce truc-là moi, ni même ma mère
d’ailleurs. Et c’est assez incroyable cette histoire qu’elle
soit mêlée à tout ça quand on y pense, qu’est-ce que ma mère
vient faire dans tout ça, et les autres vieilles là ? Non mais
y’a sûrement une explication plausible et un peu plus sensée que
tous ces trucs simili vieillots sortis tout droit des productions de
la Hammer, non parce que…
‒ HÉ !
On t’a jamais appris à respirer où à raconter moins de
conneries ? Les faits sont là ! Que tu y croies ou pas ne
changera rien à l’affaire ! Tu crois peut être qu’on peut
changer le pass… OH MERDE ! Je n’y avais pas pensé !
Les yeux
d’Alphonse s’ouvrirent comme des agates sans dessin, les pupilles
de Van comme des oursins sans fonds.
‒ DOC
BROWN ! Bien sûr !
Il
fouilla dans sa poche intérieure comme on cherche un talisman perdu
avec panique… et en sortit fébrilement une petite carte de visite.
Il la tourna, la retourna, encore et encore et pesta.
‒ DOC
BORDEL !
‒ Mais
enfin… vous faites quoi ? Vous parlez de qui ? demanda
Alphonse.
Un
espace inconsidéré posa son frein sur l’attente déconsidérée
de l’opportun alibi que Van était en train de se faire à l’aise
blaise… la carte était vierge. Il ne comprenait pas. Il commença
à jurer à voix basse quelque peu excédé par son intuition qui
tombait à l’eau. Ce n’était pas possible, il était certain de
son souvenir, de la rencontre et de la carte laissée par le Doc.
Alphonse le regardait attentivement en tentant de ne pas perdre
patience car sa question restait sans réponse… mais ce fut plus
fort que lui.
‒ Mais
enfin ! Vous allez me répondre oui ? Quel est le
problème ?
Van le
dévisagea d’un grincement des yeux, comme si l’air frottait les
nuages pour sonder un arc électrique.
‒ PARCE
QUE TU SAIS LES RÉSOUDRE LES PROBLÈMES TOI ? de colère il
jeta la carte au sol, qui se posa sur un mince rayon de lumière
pénétrant par un joint manquant à la porte latérale de la
camionnette… des inscriptions apparurent sur le petit carton blanc
comme par magie. Van pouffa d’un rire hystérique en attrapant
Alphonse par la manche de sa chemise.
‒ MAIS
OUI ! AHAH ! De l’encre au citron ! Ce sacré Doc et
sa légendaire peur de modifier le continuum espace-temps !
AHAH ! Vite mon téléphone.
Il
composa les chiffres du numéro inscrit sur la carte… attente…
‒ Oui ?
Emmett Brown à l’appareil !
‒ Emmett !
Je suis heureux de vous avoir au bout du fil, Van helsing à l’autre
bout !
‒ Van
Helsing ?.... Oh ! Non de Zeus ! Mais ça fait à
peine 10 jours que nous nous sommes vus, un problème ?
‒ Je le
crains Doc. Il a recommencé, comme en 1985 après l’attaque des
libyens qui ont causé votre mort, il faut nous sortir de là.
‒ Comme
en… mais nous sommes en 1985 ! Et… je ne suis pas mort !
‒ Ah
désolé, non, je vous appelle du futur, en 2014. J’ai retrouvé la
carte que vous m’aviez laissée à l’encre de citron pour qu’elle
passe inaperçu, le numéro semble fonctionner à travers le temps.
J’ai besoin d’un gros coup de main, le monde a besoin de votre
machine Doc, c’est une question de vie ou de mort pour l’humanité !
‒ Non…
non, je… j’ai décidé de ne plus voyager dans le temps, cela
génère trop de bouleversements dans l’espace-temps et les failles
temporelles créent trop de présents parallèles. Il y a trop de
risques vous le savez bien, modifier le futur peut avoir des
conséquences irrémédiables sur le passé et…
‒ Doc…
il va recommencer, devenir le maître du monde. Je ne veux pas
modifier le futur mais le passé, pour empêcher ce futur-là de
devenir réalité. Il faudrait que nous revenions à une date précise
pour empêcher Vlad d’être expédié chez quelqu’un et rester
dans un coffre éternellement. Doc… l’avenir de l’humanité !
Un long
silence écrasant fut à peine troublé par les gémissements
incompréhensibles d’Alphonse, cherchant à dégager sa manche de
la main de Van, les yeux injectés de sang « JE DEVIENS FOU
C’EST TOUS DES MALADES JE NE COMPRENDS RIEN ! »
‒… vous
n’êtes pas seul Van ?
‒ En
effet… je dois être avec un descendant caché des Tannen… c’est
pathétique. Mais c’est lui la clé du coffre, c’est aussi lui
qui doit rendre sa liberté à Dracula… alors Doc, vous marchez ?
‒ Bonté
divine ! Si j’avais su un jour que je me cognerais la tête
sur la céramique des toilettes pour en sortir le convecteur
temporel… je l’aurais inventé pour faire machine arrière !
Génial ! Fallait oser, Nécro l'a fait... Inviter Emmet Brown au festin autour de la malle. J'adore. ;-)
RépondreSupprimer