dimanche 28 décembre 2014

MALLE ET FILS, chapitre 21 par Dame Aubree

-      Il devient fou ou quoi ?!  C’est pas dans le scénario ça… s’écria le metteur en scène.

Alphonse se prenant pour un nouveau Dracula tenait Hubert d’une main de fer et plongeait et replongeait ses incisives dans le cou de sa victime de plus en plus blême. Pris d’un acharnement sans pareil, il semblait vouloir épancher une inextinguible soif de sang.

Soudain, Van Helsing, assis au coin du feu, lâcha sa pipe en écume et se rua sur Alphonse pour le séparer de sa proie. Un même mouvement porta les techniciens en avant et tous se mirent à  maintenir le forcené sur le sol carrelé. Hubert, tremblant de tous ses membres, fut installé par le scénariste dans le fauteuil auprès de l’âtre avec un verre de whisky à la main.

Mais Alphonse ne se calmait pas. Son corps tout entier tressautait en une folle danse de Saint Guy. Ses membres battaient l’air et frappaient à l’aveugle en soubresauts désordonnés. Sa mère que les cris des uns et des autres avaient sortie de sa transe amoureuse auprès du cameraman ouvrait des yeux au format de soucoupes volantes. Les mains placées en coupe sur sa bouche, elle ne pouvait que répéter inlassablement :

-      Comme son père… comme son père… comme son père…

Quelqu’un… un preneur de son agenouillé sur le ventre d’Alphonse… hurla :

-      Appelez le médecin, vite ! Mais appelez le médecin, bon sang !

Marty se précipita au dehors et ramena aussi sec un vieil homme armé d’une sacoche médicale en cuir noire et d’un stéthoscope autour du cou. L’assemblée agglutinée devant les caméras était muette comme une tombe. Les projecteurs lâchés à la hâte s’étaient tous brisés et seules les flammes dansantes de la cheminée éclairaient la pièce. Il y régnait une atmosphère sépulcrale que le maigre feu de bois crépitant ne parvenait pas à réchauffer. Dans cette ambiance, le docteur s’avança prudemment d’Alphonse toujours maintenu au sol. Après une rapide auscultation menée entre quelques coups de poings et de pieds, il sortit une seringue qu’il eût le plus grand mal à planter dans le bras du malade.  Et Alphonse se calma dans les secondes qui suivirent. Enfin, un ouf de soulagement général retentit. Puis le médecin se tourna vers le groupe des trois femmes penchées au dessus de son épaule. Jackie et Clodie soutenaient la mère qui tapotait du bout des doigts le dos du médecin pour l’interpeller.

-      C’est mon fils… pour de vrai… pas au cinéma… et son père…. Euh
-      Je vous écoute Madame. Venez à l’écart, on sera plus tranquilles.

Les paroles des trois femmes et du médecin restèrent inaudibles à l’assemblée encore atterrée par les évènements. Seuls filtrèrent quelques mots prononcés plus distinctement «  meurtres sanguinaires… psychiatrie…récidive… phases psychotiques… hypomanie avec délire aigu… »

Lorsque la sirène de l’ambulance se fit entendre en arrivant dans la cour du château, Hubert était toujours installé dans le fauteuil et tremblait encore de terreur. Sous la lumière vacillante, Doc et Marty agenouillés à ses pieds lui prodiguaient des paroles de réconfort. Dans un coin de la pièce immense et froide, les trois femmes se serraient les unes dans les bras des autres en tentant de retenir leurs larmes. Van Helsing debout au pied d’un Alphonse pourtant amorphe se tenait encore prêt à toute éventualité.

Dès leur entrée dans les lieux, les services médicaux se rapprochèrent du vieux médecin et ils constatèrent d’emblée l’état actuel d’Alphonse. Aucune réaction de sa part ne fut perceptible lorsque les tests habituels lui furent imposés. Ils allèrent même jusqu’à penser que l’homme en blanc avait eu la main un peu trop lourde.  Ils discutèrent un bon moment avec lui envisageant la possibilité qu’on en soit arrivé carrément à la catatonie. Le visage d’Alphonse rougi du sang d’Hubert était maintenant lisse et pâle comme un linceul. Mais alors qu’un infirmier passait à sa portée, un soubresaut le prit soudain et sa main accrocha la cheville de l’infortuné.  Une poigne d’acier lui tira un cri de douleur et c’est avec peine qu’il réussit à se dégager. Les ambulanciers n’attendirent pas davantage pour installer Alphonse  sur une civière munie de sangles de cuir et l’embarquer vers l’hôpital le plus proche. Sa mère et ses deux amies quittèrent également le site pour suivre le fils affublé de son lourd héritage.

Hubert avait refusé d’emprunter l’ambulance pour se rendre lui aussi à l’hôpital malgré les recommandations du médecin. Il prétendait n’avoir besoin que de repos et d’un whisky supplémentaire. L’équipe du tournage reprenait ses esprits petit à petit et les langues se déliaient pour chuchoter des « il me paraissait vraiment bizarre parfois » et des « oh ben ça alors ! Si j’m’étais douté ! »

Le metteur en scène quant à lui, était planté au milieu du plateau et tournait en rond tel un derviche. Son regard papillonnant passait d’une caméra à l’autre, d’une maquilleuse à un technicien, d’une caisse de matériel à des décors devenus inutiles. Il se disait que, s’il passait à la télévision pour le vingt heures, ce serait plutôt à la rubrique des faits divers.  Puis, tout bas, pour que personne ne l’entende, il ne put s’empêcher de prononcer la phrase fatidique :

-      Le coffre de mes ennuis, scène 21 et… finale. Coupez.


samedi 27 décembre 2014

Le mal l'a pris, chapitre 20 par Dame Magali

Alphonse avait répété cette scène une centaine de fois, l’une des plus importantes du scénario, celle-là même qui devait faire de ce film une légende… Le texte avait été travaillé avec finesse, mais c’est dans la gestuelle que le spectateur devait être embarqué. L’acteur s’approchait de ses partenaires avec une assurance, et une prestance que seules des heures de maquillage pouvaient rendre possibles. Les fumigènes actionnés donnaient un ton lugubre à cet épisode. Le plateau décoré par des professionnels de haut rang n’avait rien à envier à ceux de l’industrie américaine. Tous les ingrédients étaient rassemblés pour faire de ce final un grand moment de cinéma.

Alors, qu’il s’apprêtait à prononcer son dialogue, il ressentit une vague de froid pénétrer son corps, de l’épiderme jusqu’aux plus profonds de ses os, un fluide glacial pris possession de tout son être. Il laissa une force invisible l’aspirer en arrière, son corps physique devenu d’une lourdeur extrême se détachait de son esprit. Sans qu’il ne soit en mesure de lutter, il se retrouva projeté à quelques mètres de là.

La surprise laissa place à l’angoisse. Il flottait au-dessus de cette enveloppe charnelle qui ne lui appartenait plus. Condamné à observer une scène qu’il ne maîtrisait pas, l’acteur devenu spectateur se mit à interpeler en hurlant ses collègues, sa mère. Aucune réaction en guise de réponse, il comprit que ses paroles n’arriveraient pas jusqu’à eux.

Il entendit une voix venue de nulle part lui susurrer avec une jubilation diabolique :

À jouer avec le feu, tu t’es brûlé les ailes.

Alphonse assista impuissant au jeu d’acteur de son corps récitant son texte avec une intonation plus vraie que nature. Les intentions proférées, la violence des mots, la posture, ne lui laissait rien présager de bon. La peur pénétra son cœur avec ravissement.

Même les techniciens étaient captivés devant un tel professionnalisme, décidément Alphonse n’avait pas fini de les impressionner. Sa mère à moitié folle avait bien fait d’insister pour qu’il ait se rôle.

Le corps physique d’Alphonse saisit avec violence Hubert pétrifié de terreur, ses incisives plantées dans le cou laissèrent perler un peu de sang que Dracula s’empressa d’aspirer avec frénésie.

Alphonse compris immédiatement, que la réalité avait dépassé la fiction. Cette décorporation forcée dépassait l’entendement. Il tenta de s’interposer entre les deux acteurs, mais sans succès, ses mains d’avaient aucune prise. Il brassa de l’air jusqu’à l’épuisement sous le regard narquois de son propre corps physique habité par un être malfaisant. Aucun doute possible, l’Autre le voyait et s’amusait de son désespoir.

Lorsqu’on invoque Dracula, celui-ci renait et réapparait. Merci de me donner une nouvelle jeunesse.
Dracula s’adressa à Alphonse par télépathie rendant impossible l’écoute aux autres personnes présentes sur le plateau.

Dracula, mon corps est squatté par Dracula ! Je deviens fou !

samedi 13 décembre 2014

Ce pauvre Alphonse.... il est malle pris... Chapitre 19 par Java

 — Coupez..

Le cri avait envahi l’espace.

Les comédiens quittèrent le devant des caméras, les perchistes allèrent s’asseoir, l’espace s’anima un peu. Alphonse regarda sa mère, enfin le mannequin fumant qui en faisait office. La vraie, celle qui l’avait entraîné dans cette histoire faisait les yeux doux à un cameraman à la calvitie naissante et dont les bourrelets de graisse ne semblaient pas être absorbés par le pull large XXL sous lequel il transpirait.

Près de la grande cheminée, Helsing tirait sur une pipe en écume en révisant son texte, tandis que le scénariste rongeait dans un coin ses derniers ongles, le bonhomme qui n’avait jamais connu un seul succès dans sa vie professionnelle ne revenait toujours pas que son mélange de « retour vers le futur » et de « Dracula prince des ténèbres » soit retenu. Il allait connaître la consécration à 67 ans. Il avait maintenant hâte que cela se termine qu’il puisse préparer son retour et son interview certain à Antenne 2 avec Laurent Delahousse.

L’endroit s’animait, en attendant la prochaine prise on rigolait. Un psy de base égaré en ces lieux aurait pu voir pourtant que cette décontraction n’était que factice, les rires et les vannes n’étaient là que pour détendre une atmosphère plombée comme si l’invité de cette histoire à rebondissements divers allait malgré tout arriver et foutre le feu à cette innocente pagaille.

Après ces heures et ces heures de tournage, certains avaient maintenant la sensation d’avoir joué avec leurs peurs les plus anciennes, celles que l’on enterre au fil des années à coups de passions destructrices, de slogans politiques, de supermarchés, de lumières artificielles, de victoires de la musique ou de masterchef, celles de la mort. Ceux-là avaient les traits tirés et la colère facile. Les autres tiraient sur des pétards d’herbe ou finissaient des bouteilles de mauvais alcool. Trouver un véritable cognac dans ce coin où on les avait entraînés pour faire plus vrai, relevait du miracle. Ce château trouvé par la prod était à lui tout seul la mise en matière d’un véritable cauchemar avec ses tours sombres et ses grandes salles voûtées. Elles s’étaient réveillées les peurs, elles étaient là à présent. On pouvait se cacher derrière les caméras, les scripts, les répliques toutes aussi succulentes les unes que les autres. Personne ne s’était réellement installé, en fait ils auraient tous pu partir dans la demi-heure si on leur avait demandé.

Les meilleurs(e) s comédiens, comédiennes, les fous rires, les bouteilles de vin n’avaient rien changé à l’affaire. Au moment de quitter les autres, le soir, l’obscurité effaçait d’une gomme sinistre les bons moments et revenaient à fleur de peau la solitude et l’angoisse. L’on serrait alors discrètement dans sa poche un crucifix emprunté aux accessoires.
Et si l’on jouait avec des forces qui nous dépassaient?

Alors on longeait les caravanes pour ceux qui dormaient sur place, on s’armait d’une lampe, voir d’un bâton même si seulement quelques mètres séparaient les agapes des draps ou du sac de couchage… Des assistants, Alphonse l’avait découvert, avaient été jusqu’à « emprunter » quelques gousses d’ail, dont on avait besoin pour les scènes finales pour les cacher sous l’oreiller. D’autres n’hésitaient plus sous prétexte d’humour à s’en faire des colliers. Quant à la malle, pourtant ouverte, personne n’en approchait

Ceux qui dormaient en ville faisaient du covoiturage, on roulait doucement en espérant ne pas croiser quelque dame blanche, quelque revenant sur le bord de la route.

Alphonse s’approcha des mannequins. Le spécialiste des effets spéciaux s’était dépassé, ils étaient parfaits, jusqu’à cette fumée qui s’échappait des soi-disant corps. Un travail d’orfèvre. Les traits creusés, livides étaient le reflet de ceux qu’ils connaissaient vivants et rieurs.

Là à cette heure, avec ce vide entre deux scènes, l’athéisme d’Alphonse se mettait aux abonnés absents. Il guettait comme les autres? Quoi, il ne savait pas. Il regrettait presque d’avoir accepté après le coup de fil de sa mère à la réception de la malle.

— Joue! avait-elle dit. Ne t’occupe de rien, tu ne verras pas dans un premier temps la caméra. Le contrat avait été porté par un garçon en scooter quelques minutes plus tard. En regardant le chiffre en milieu de page, il s’était dit que pour ce prix-là il jouerait même avec Lucifer. Il l’avait signé dans la minute sans bien regarder les clauses.

Maman avait dit « aie confiance », le coursier était reparti le précieux document paraphé de sa signature. Maintenant il lui tardait de retrouver son salon sans cet encombrant bagage que l’équipe trimbalait depuis le début.

On allait vers la scène finale. Il ne savait pourquoi, il sentait que cette dernière scène verrait soit la fin de ses angoisses soit leur décuplement  comme si cette dernière scène dont il avait appris les répliques par cœur serait différente que celle qui était écrite. Il jeta un coup d’œil vers sa mère, elle souriait à son cameraman.

Enfin il entendit :



-Le coffre de mes ennuis scène 19

Il y eut le clap et...

-Action 
Il jeta un coup d’œil vers sa mère, elle souriait encore à son caméraman.




lundi 8 décembre 2014

Qui malle y panse, Thierry Tougeron, chapitre 18


.. Doc avait tenté de détruire le mal à l'aide de toute l'énergie contenue dans sa propre vie, avec toutes ses connaissances, avec tout ce qu'il avait pu accumuler comme pierre de lune. Tout était dans le plus épais des brouillards. Ils comprirent, oui, ils comprirent. Mais surtout ils ne purent que regarder sans bouger, immobiles dans le monde évanescent. La lumière émise rayonnait encore largement et contrastait avec la noirceur qui entourait le château. Ils comprirent que le combat ne faisait que commencer ici. Sur les barreaux de la large vitre brisée, les trois sorcières étaient empalées et couvertes de morceaux de verre. En s'approchant, ils constatèrent qu'elles avaient été vidées de leur sang au niveau de la carotide et qu'en même temps, des pieux de bois avaient été plantés dans leur coeur. Impossible de toucher les corps qui se consumaient sur place tant la chaleur était encore insupportable.
Marty déboula comme à son habitude en beuglant "Doc? Doc!" Pris d'un haut le coeur, il cria: "ça pu l'ail par ici, purée! Et qui m'a mis cette musique de loose que je le scalpe?!
Alphonse ne reconnaissait pas sa mère. Elle semblait avoir 3000 ans et ne ressemblait plus à l'image qu'il en gardait. Elle avait exactement la même allure squelettique et le même regard osseux de ses deux comparses.

Où est-il?


samedi 29 novembre 2014

Prendre sa malle en patience, Chapitre 17 par La Manna

Noir.

Tout était noir et le vide semblait emplir tout l’espace.

Seule la voiture vibrait de son apesanteur sur le chaos dans lequel elle se trouvait.
Un silence inquiétant pulsait tant à l’intérieur de l’habitacle que dans le céleste qui faisait office de toile de fond.

Le visage de Doc se changeait lentement en un bouillon écarlate aux yeux injectés de sang. À le voir ainsi on se demandait comment c’était possible qu’il puisse encore être en vie!

— Tête d’abruti de Marty à la noix… Quand je t’ai demandé de programmer la DeLorean là où tout a commencé, je ne parlais pas de ÇA! Mais du commencement avec le compte Dracu! Nom de Zeus!!!!

— eh…

— Mais qu’est-ce que tu penses que l’on peut faire ici? Cueillir de la poussière de fée pour amplifier le son de ta guitare à la con? Je ne sais pas ce qui me retient de ne pas te jeter par-dessus bord…

—…..

— Et comment est-ce que tu penses que l’on va trouver le carburant pour rentrer chez nous??? Elle ne consomme que des détritus… Tu en vois ici des déchets??? L’homme n’a pas été encore inventé, donc les ordures non plus espèce de trufio de dégénéré!!! Je le répète… Mais à quoi tu as pensé??? Jamais on ne rentrera chez nous…

— ….

C’est à cet instant précis que le calme du pauvre Emmet n’a pu être contenu et que la colère qui l’habitait s’est muée en une sorte de cri primal. Le son prenait naissance dans le fond de ses entrailles, faible en émission au commencement, mais ce dernier commençait à prendre de l’ampleur. Les occupants de la voiture ne pouvaient plus endurer ce son qui leur fit saigner des oreilles. Bientôt l’intérieur de la voiture atteignit le point de saturation extrême et le cri sorti de celle-ci.

Le paysage prit alors une tout autre teinte… Le noir et le vide se mirent à vibrer, ondulations oscillantes de basse fréquence pulsèrent de pairs. Les occupants ne pouvaient s’empêcher de rester sans voix face à ce qu’ils voyaient devant eux. Le Doc continuait à émettre sans même reprendre sa respiration.

Puis…

Un changement se produisit...

Le corps du crieur se mit à briller, émettre serait plus juste! Sa peau se colorait de jaune, rouge, orangé dans une myriade de teintes encore impossibles à nommer. Son corps se mit à se tordre en des positions à faire jalouser le plus grand des Yogis… C’est alors qu’Alphonse comprit en voyant M. Brown joué de la boucle. Il formait un symbole qu’il connaissait que trop. Un 8 couché… symbole de l’infini.

Le pauvre déformé doubla de vitesse en mode « spin » et bientôt on ne put le définir clairement tant sa vitesse de rotation était grande. Même la touffe blanche en témoin mémorable ne se distinguait plus.

La voiture commençait à s’emballer… Tout comme l’espace autour d’eux… Les cadrans de la voiture sur le tableau de bord se mirent aussi à délirer… Des symboles étranges y firent leurs apparitions.

Sans crier gare… tout cessa.

Le calme plat regagna l’habitacle et l’univers… Seul fait à signaler… la disparition du Doc… Il n’était plus avec eux, mais bien en face d’eux, à l’extérieur et il avait maintenant l’allure d’un ange en brasier… Dans un claquement d’ailes… il se mit à embraser tout l’espace autour de lui et dans un bing bang assourdissant, le ciel prit feu. C’était la fin du monde… ou son contraire, personne ne pouvait le dire avec précision!

La chaleur s’accumulait de plus en plus en sein de la voiture et du réacteur. L’air était à peine respirable et les occupants perdirent connaissance. « Ce qui est bien fâcheux d’ailleurs, car il est impossible de relater la suite des événements avec exactitude, au grand dam des scientifiques… »

La seule information que l’on tient est que la voiture est partie dans un élan allant bien au-delà de sa nécessité la propulsant dans un avenir bien précis sous la gouverne du Doc omniscient désormais!

Brèche dans les nuages sur un temps au-dessus de la Transylvanie, le ciel s’éventra pour en expulser un corps étranger. Les habitants crièrent à la sorcellerie et brandirent leurs fourches en direction de leur incompréhension. Tous étaient convaincus que c’était là, l’œuvre du ténébreux compte qui vivait dans le château en dessus de la colline des bas-fonds.

La voiture continua sa course folle en direction d’un bâtiment bien précis, comme si elle avait sa volonté propre… Elle fonça sans ralentir vers cette construction aux allures austères.
Marty tentait de maîtriser la DeLorean, mais en vain…

L’occupant du château se tenait face à la fenêtre, curieux devant ce bruissement d’air et de connivence dans les alentours de son domaine si calme en temps normal. Il était loin de se douter de ce qu’il allait vivre…

Sans freiner sa course, la voiture doubla en vitesse et alla percuter de plein fouet la fenêtre et l’être qui s’y mirait.

La mort souriait-elle toujours ainsi aux yeux des malchanceux… qui sait?

Une fois le choc de l’impact passé, tous les passagers de la voiture sortirent pour constater la situation… Ils comprirent alors que…



vendredi 28 novembre 2014

Tic..Tac dans le temps passé!, Chapitre 16 par Dame Madeline

Alphonse regarda sa montre. Vingt et une heures cinquante-cinq..  L’escalier en pierre était immense. Ses larges marches semblaient s’enrouler en spirale vers les entrailles de la Terre. Alphonse portait le coffre par le bas tandis que Van Helsen le supportait par le haut. Ils commencèrent ainsi péniblement la descente dans la tourelle aux parois froides, dans le seul écho de leurs pas.

     Allez grouillez-vous, ordonna Draco aux deux hommes tandis que les trois mamies suivaient.

     Même vide, elle reste lourde cette malle. Pourquoi vous ne te la portez pas vous-même ? On dit que votre force est incomparable ! rétorqua Alphonse.

Draco resta de marbre. C’est Claudie qui, a coup de canne dans le tibia, renchérit :

— Mais enfin, tu n’y penses pas ! Draco ne peut pas s’abaisser à ce type de tâche !

Quel est l’abruti qui avait bien pu dire que les petites vieilles étaient toujours sympas ? Tout en vociférant, ils réussirent, tant bien que mal, à atteindre sans ombrage le bas de l’escalier. Ils posèrent la caisse au sol en soufflant, puis restèrent interloqués. Il se tenait là, devant eux, effrayant. Le visage émacié et les traits osseux, éclairés par le feu de l’âtre. Vlad était grand, très grand. Impossible de lui donner un âge. Son regard étrange mêlait condescendance, pouvoir et terreur. Derrière lui, une horloge affichait vingt-deux heures deux.

Les murs se mirent à trembler. La chaleur des flammes se faisait insupportable comme si chaque marche le rapprochait de l’enfer.  

— Enfin ! Approche Alphonse ! Si tu savais depuis combien de temps j’attendais ce moment où toi, la malle et moi, serions enfin réunis !

Le plafonnier se mit à vaciller. La semonce d’un coup de tonnerre retentit. Dans la galerie sous-terraine du château, pourtant sans ouverture, il lui sembla un instant que tout s’illuminait, comme si un éclair avait fendu le temps. Puis l’ampoule s’éteint et les flammes de l’âtre moururent, soufflés par une bourrasque aussi forte qu’impromptue.

Un crissement de pneus se fit entendre au loin, suivi d’un coup de frein. La lumière revint. L’horloge s’était arrêtée sur vingt-deux heures quatre. Alphonse ne distinguait  plus que la touffe de cheveux blancs crépus et l’air ahuri de Doc qui brandissait un énorme crucifix Jedi devant Vlad. Comme deux sabres lasers entrelacés, l’un vert, l’autre rouge, le rayon qui en émanait étaient si puissants que le vampire du s’agenouiller et se cacher les yeux. Un chien se jeta sur lui et commença à lui mordre la main.

— Einstein ! aux pieds !

Le vampire retroussa ses lèvres et Doc agita son laser pour protéger Einstein. Il brûla la créature au bras et une fumée âcre se dégagea.

— Non, d’un gigawatt, Allez vite, Alphonse ! Marty t’attend dehors avec la Delorean. ! Il faut repartir là où tout a commencé. Dépêche-toi !!!


lundi 10 novembre 2014

Dans l’antre du Mal, chapitre 15 par neo


La crinière blanche relevée ; le professeur évoquait un vieux lion qui aurait pris sa retraite, mais c’eût été mal le connaître.
— Par tous les pépins de la pomme de Newton, Van ! Mon Helsing préféré, tu me mets dans l’embarras.
Abraham Van Helsing grimaça une mimique de déception que sa voix ne laissa pas transparaître.
— Je ne vous ai jamais entendu prononcer ce mot-là. Que se passe-t-il Emmet ? Des soucis avec Marty.
— Oh ! grand Dieu non. Non, le gamin est formidable, c’est la DeLorean qui est en révision. Tu te rappelles que pour effectuer un saut dans le temps, mon convecteur temporel consomme une puissance électrique de 1,21 gigawatt, et que pour l’obtenir j’utilise du plutonium ? Eh bien, figure-toi que j’ai décidé de remplacer cette matière fissile dangereuse, par de simples détritus : je viens d’inventer le générateur de fusion.
— Mais c’est génial Doc et…
— Bon, c’est bien joli vos cours sur le voyage dans le temps, mais les problèmes mécaniques de Mister Brown, je m’en tamponne le coquillard.
Grelottant de froid ou de peur, Alphonse qui ne comprenait rien au dialogue ne tenait plus en place. Pour ne rien arranger, à l’avant du véhicule les mamies diaboliques lui jetaient des regards concupiscents. Affreusement gêné par leurs œillades, il l’était davantage par la considération haineuse de sa mère. D’ailleurs, était-ce vraiment elle ou un ersatz fabriqué par Draco, après qu’il ait fait main basse sur les travaux du docteur Frankenstein ?
Le Doc perçut son nom malgré un bruit de friture dans la communication.
— Allô, qu’est-ce qui raconte ton client ?
Van Helsing fronça les sourcils d’agacement, mais il retomba sur ses pieds.
— Il apprécie vos inventions Doc, et il me dit qu’il adorerait vous rencontrer.
— Mais Van ! Nous ne roulons plus ! geint Alphonse livide comme un cadavre en devenir. 
Abraham réalisa la situation et conclut rapidement avant de raccrocher :
— Emmet, vous savez la date et le lieu où vous rendre. Il faut empêcher l’apocalypse. Vous êtes notre seul espoir.
Sinon il n’y aura plus ni passé, ni présent, ni futur…

Le curieux équipage était arrivé à destination.
Draco sortit le premier de la camionnette. Ses dons magiques lui avaient permis de suivre toute la conversation téléphonique, mais il n’en était pas affecté.
Mieux, il en souriait, car bientôt plus personne ne pourrait contrecarrer ses plans.
— Tout le monde dehors ! Les filles, on touche au but ! Faites transporter le coffre par les deux sbires à l’emplacement convenu. Je vous y attends. Messieurs, bienvenue chez vous !
Puis, il s’évapora dans le brouillard.
Esperanza.
La ZAC de l’Esperanza les accueillit. Ce n’était pas la prison à laquelle Alphonse avait pensé, mais une banale zone d’activités abandonnée. Un genre de friche industrielle battue aux quatre vents, dont les constructions ressemblaient à de grands navires-fantômes. Un site en perdition comme les affectionnait Draco.
Van Helsing se retint d’agir, ce n’était pas l’envie qui lui manquait d’étrangler les deux rombières. Cependant, il choisit de continuer sagement pour voir où cela les mènerait ; le Doc avait besoin d’un peu de temps pour intervenir.
Face à eux se dressait une usine désaffectée, curieusement une fumée noirâtre s’échappait d’un évent. La bâtisse était lugubre, froide, inhospitalière.
C’est Rosy qui marchait en tête de cortège. Devant la porte, elle fouilla un moment ses poches pour en extraire une longue clé métallique. Elle actionna la serrure, qui ne résista pas, et ouvrit le battant massif sans montrer la moindre difficulté. Pourtant, il paraissait énorme. L’intérieur contrastait étrangement avec l’extérieur. Passé le hall d’entrée flanqué d’un escalier magistral, la petite troupe pénétra dans un salon gigantesque et richement décoré. Le décor était familier à Van Helsing.
— Bon sang, mais c’est la réplique du château de Bran ! Il l’a reproduit à l’identique dans un bâtiment perdu à des milliers de kilomètres de chez lui… Je me doutais que Vlad aimait son confort, mais là, il joue hors compétition ! Ce bonhomme est un vrai mordu de home staging ! 
Et mordu est un vocable qui lui sied parfaitement.
— Arrêtez de lambiner, les deux lambins ! Dirigez-vous vers le feu.
Quand Rosy donnait un ordre, personne n’avait le courage de le discuter et surtout pas Alphonse. En outre Jacqueline et Clotilde, les succubes du troisième âge, leur infligeaient des coups de canne pour les inciter à avancer. Aux murs, des portraits d’ancêtres antédiluviens les regardaient avec convoitise. Leurs yeux vides semblaient les pister tout le long du trajet.
La pièce n’en finissait plus, comme si elle se rallongeait indéfiniment. Les épaules écrasées par le poids, Alphonse et Abraham suaient abondamment. Trimballer une malle aussi lourde sur une moquette aussi épaisse n’était pas chose aisée, du reste il régnait dans le coin une température infernale.
De grosses bûches de chêne brûlaient dans l’âtre. Un instant, Alphonse éprouva le sentiment diffus que ces flammes montaient directement de l’enfer.
— Que fait-on maintenant ? s’inquiéta-t-il. 
— Ne bouge plus mon mignon, s’enquit Rosy.
Elle se rapprocha d’un buste grimaçant d’Asmodée, un élément de décoration de la cheminée, et enfonça derechef son index dans la narine gauche, son majeur dans la droite. Un grincement strident leur vrilla les nerfs. En reculant le foyer de deux mètres, le mécanisme révéla les marches dérobées d’un passage secret.
En bas, une voix sépulcrale résonna longtemps à leurs oreilles.
— Approchez mes agneaux, la cérémonie ultime va commencer. Ah, ah, ah, ah...
Putain de journée de congé, fut la dernière pensée d’Alphonse lorsqu’ils descendirent dans les tréfonds de la terre...