Il
n’en fallait pas plus pour que je prenne une décision radicale.
Clotilde et Jacqueline étaient sans doute délicieuses et je n’avais
rien mis sous ma dent depuis un bon mois... mais quand même, pousser
les limites jusqu’au quatrième âge! De toute façon, je n’avais
pas de mots fléchés ou de scrabble dans mon appartement. En
revanche, j’avais bien la cerise sur le gâteau : ma mère.
Les
pas se faisaient de plus en plus proches, sur le palier et ma mère
était dans la cuisine à préparer du thé aux mûres sauvages pour
ses comparses. Lorsque la sonnette retentit, je dis simplement :
— Maman,
je vais aux toilettes, tu peux ouvrir à ces deux personnes?
— Mais
oui mon chéri! Je te l’assure, elles sont poursuivies par un
maniaque... Cette société se dégrade. Quand je pense que tu t’es
remis à fumer et qu’en plus tu prends des verres avec de l’alcool
fort. Tu ferais bien de te méfier, ça va te mener aux drogues
douces. Ton pauvre père se retournerait dans sa tombe. Et tu sais
parfaitement que les drogues douces mènent aux drogues dures.
Tout
en étant dans sa logorrhée verbale, elle ouvrit la porte pour
accueillir les deux vieilles dames qui ne pouvaient rien dire, Maman
parlant encore et encore.
— Quelle
joie de faire votre connaissance, Madame Fraser! Nous avons beaucoup
entendu parler de vous et de ce coffre que votre fils a dû recevoir
ce matin.
— Comment
êtes-vous au courant? Ce n’est pas possible, mon fils! Dans quoi
s’est-il encore engagé? Alphonse? Alphonse? Alphonse!
Je
n’entendais bien sûr plus rien depuis quelques secondes. J’étais
passé par le vasistas de mes toilettes, bien pratique pour
s’échapper sans éveiller les soupçons. Je pouvais y descendre.
Je
ne comprenais plus rien. Les vieilles semblaient parfaitement au
courant et ma mère en savait plus qu’elle ne voulait le dire. Il
fallait immédiatement que je retourne vers ce jardin d’enfants
pour vérifier si une autre clé ne s’y trouvait pas.
Après
quelques minutes de marche, je me retrouvais pour la deuxième fois
dans la journée, cette maudite journée qui devait être la mienne,
dans ce parc avec les mères qui me reconnurent. Elles semblaient
outrées par mon comportement et certaines dégainèrent leur
téléphone portable pour appeler sans doute la police. Je bondis
rapidement vers le fameux banc et alors que je fouillais fébrilement,
je découvris une autre clé... Pas le temps de souffler, la police
montée à pieds me courait déjà après. Il ne fut pas difficile de
les semer dans ce quartier que je connaissais comme ma poche.
Dans
mon appartement déserté, plus aucun bruit, mais plus de malle et
plus de clé! Comment avaient-elles fait pour transporter ce
mastodonte malgré leur âge? Je pris par réflexe le combiné pour
appeler ma mère... Puis je me ravisais, pensant que cette histoire
devenait complètement folle, que je devais rêver, que je n’étais
tout de même pas sujet aux délires, que je n’étais quand même
pas surveillé par les services secrets, qu’elles n’avaient pas
pu piéger mon téléphone... Le bruit sec du plastique dur et orangé
sur le plancher flottant me réveilla.
— Il
faut que je réfléchisse rapidement. Mais chut, je ne dois pas
penser à voix haute. Je suis certainement écouté aussi.
Après
avoir rassemblé quelques affaires, je pris la nouvelle clé, la clé
de mon appartement et la clé de la maison de ma mère. Décidément,
c’était une journée de congé à clés. Arrivé chez ma mère, je
fis le tour pour vérifier que personne n’était à l’intérieur.
Je me décidais à entrer et sortis de ma poche sans même regarder
la clé pour ouvrir la porte. Quelle ne fut pas ma stupéfaction
lorsque je m’aperçus que j’avais ouvert la maison de ma mère
avec la clé découverte dans le square!
Personne.
Je
visitais rapidement les lieux et je trouvais enfin le coffre dans le
garage. Au mur, sur un établi, je fus rapidement pris de
tremblements au moment de voir les centaines de clés disposées sur
les emplacements normalement réservés aux outils. Comment faire
pour trouver la solution? Je me précipitais comme un fou sur le
coffre et tentais vainement d’utiliser la clé pour l’ouvrir. De
rage, je donnais de coups de pied à la volée, pensais à y mettre
le feu.
C’est
alors qu’une musique se déclencha dans le coffre et qu’un bruit
me fit sursauter. Je pris de nouveau mes jambes à mon cou.
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RépondreSupprimerTiens, j'avais lu dans le premier chapitre qu'Alphonse Fraser habitait dans une maison ? Mathieu se chargera de rétablir la cohérence du récit à la fin de tous les chapitres :)
RépondreSupprimerOH OOOH... Très bon tout ça et ça tient en haleine. Je cours lire neo. :-)
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